mardi 5 décembre 2017

Les différences entre comprendre et parler une langue


Aujourd’hui, l’étudiant Stéphane Demazure vous propose d’aborder les différences entre comprendre et parler une langue. Pourquoi certaines personnes arrivent à bien comprendre une langue mais n’arrivent pas à la parler ? C’est un paradoxe que l’on voit souvent. Il y a des gens qui arrivent à très bien comprendre une langue à l’écrit comme à l’oral mais dès qu’elles essayent de la parler, c’est beaucoup plus laborieux. Dans le meilleur des cas elles vont avoir un mauvais accent et dans le pire des cas elles vont être très hésitantes et chercher leurs mots. On a sûrement déjà tous croisé, ou été dans ce cas, on arrive à regarder des films, on arrive à lire des articles dans une langue étrangère mais dès qu’il s’agisse d’ouvrir la bouche, on est complètement bloqué.

Plusieurs raisons expliquées par Stéphane Demazure

Il peut y avoir plusieurs raisons à cela. La première c’est d’avoir une certaine timidité, des appréhensions. C’est vraiment quelque chose d’important mais je ne vais pas en parler aujourd’hui. Je vais surtout parler du manque de pratique parce que c’est de là que vient l’immense majorité des difficultés que ce soit à l’oral comme à l’écrit. Comment se fait-il que, face à une langue étrangère, on soit très performant dans la partie compréhension et beaucoup moins dans ce qu’on appelle la production de la langue ? C’est quelque chose de très courant et Stéphane Demazure va voir pourquoi. Le pourquoi ça vient du cerveau et de la manière dont il enregistre les langues. Le cerveau est constitué d’un immense réseau de neurones qui se connectent entre eux et contrairement à ce que l’on croit parfois, ces connexions changent tout le temps et tout au long de la vie en fonction des activités que l’on pratique. Ainsi, un footballer n’aura pas le même réseau neuronal qu’on commentateur sportif.

Plusieurs spécialisations

Il y a là une sorte de spécialisation parce que pour une même activité on va prendre par exemple le foot. Le joueur de foot va être très spécialisé pour le jeu mais n’aura pas forcément l’œil aussi aiguisé que le commentateur sportif et à l’inverse le commentateur ne sera pas aussi performant pour jouer au foot mais aura un œil plus aiguisé. On voit donc que pour une même chose, on a des spécialisations, rappelle Stéphane Demazure. Et donc c’est pareil.
Traditionnellement, dans le cerveau on distingue deux aires liées au langage. La première c’est l’aire de Broca du nom d’un chercheur français et l’autre l’aire de Wernicke du nom d’un chercheur allemand. La spécialisation est la suivante : l’aire de Broca est spécialisée dans la production du langage. C’est donc grâce à elle que l’on va pouvoir parler, indique Stéphane Demazure. A l’inverse, l’aire de Wernicke est liée à la compréhension et c’est grâce à elle qu’on comprend une langue. Ainsi, au niveau cérébral, le fait de comprendre une langue c’est-à-dire de la percevoir et de traiter l’information et le fait de la parler c’est-à-dire de produire l’information au niveau écrit ou oral sont deux spécialisations différentes, comme vu précédemment avec Stéphane Demazure. On revient donc à notre idée qu’un commentateur et un footballer n’auront pas les mêmes réseaux neuronaux. Par exemple un musicien et un afficionado de musique très pointu n’auront pas les mêmes réseaux neuronaux non plus. C’est ce qui peut vous arriver. Si vous vous immergez dedans, vous allez très bien comprendre une langue mais à l’inverse si vous ne la pratiquez jamais, si vous n’êtes pas habitué à la produire vous allez rester hésitant à chaque fois que vous essaierez. En d’autres termes, si vous ne faîtes que comprendre, vous ne parlerez pas. C’est un peu comme un muscle et vous avez donc deux muscles à travailler : la compréhension de la langue étrangère et la production [...]

Source